Double pandémie, Covid-19 et virus de la folie

L’évocation d’un risque de poursuites pénales vise des médecins qui essayent de soigner leurs patients atteints du Covid-19. L’empirisme et les tentatives de soins se heurtent à la règle sacralisée des essais en double aveugle. Une sorte de folie conduit au renversement des valeurs : sauver la vie est accessoire au respect de règles pourtant inappropriées aux situations d’urgence.

Depuis la nuit des temps, l’espèce humaine tente de survivre aux éléments. Inlassablement, elle s’adapte aux circonstances et quand elle le peut, elle modifie son environnement pour le rendre moins hostile. La médecine, cet art de guérir, a laissé ses premières traces trente siècles avant Jésus-Christ. Obstinément et inlassablement, des hommes et des femmes ont tenté à toute époque de guérir en inventant et adaptant des traitements. L’empirisme, les essais, l’observation et le souci permanent d’agir, parfois vite, pour sauver une vie qui peut si facilement s’éteindre, ont été les moteurs de la médecine.

La médecine de « laboratoire »

En 2020, l’humanité est confrontée à une pandémie mondiale. Un coronavirus qui frappe rapidement les hommes et peut se montrer redoutable pour 10% des contaminés. Ce n’est pas la première pandémie, sans doute pas la dernière, mais elle est redoutable car elle n’est pas seule. Un autre virus s’est répandu sur la Terre. Un virus répandu à l’échelle planétaire depuis des décennies, un virus dormant qui n’attendait qu’une pandémie pour se réveiller et hurler aux hommes de se taire et de plier le genou. Cette autre pandémie, aux conséquences funestes, valorise le conformisme, le mimétisme et le stéréotype élevé au rang de canon sacré de la pensée, ou de ce qu’il en reste.

Aujourd’hui, les observations de terrain et l’adaptation des traitements disponibles sont jetés aux oubliettes. Une règle, une seule s’impose aux médecins et aux chercheurs : le préalable impératif et incontournable des « essais conduits avec ce qu’on appelle un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo ». Peu importe l’urgence, peu importe la vélocité du virus, peu importe le nombre de morts. Une pandémie se répand dans le monde et les chercheurs se placent en orbite au-dessus de la terre. Ils se délocalisent en un lieu aseptisé, intemporel, hors du temps, hors des hommes, hors des souffrances. La recherche médicale se met hors de l’humanité pour procéder à des « essais randomisé en double aveugle » car aveugle doit être le chercheur, aveugle aux urgences et sourd aux souffrances.

La litanie récitée par cœur du « système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo » est permanente et automatique. Les conséquences de cette mise hors humanité de la Recherche sont parfois étonnantes et désarmantes. Tout récemment des médecins, en contact avec leurs patients, ont essayé d’adapter leurs prescriptions pour vaincre la maladie ou du moins ralentir sa marche destructrice. Ces médecins ont testé une combinaison de médicaments auprès de patients suspectés d’être atteints du Covid-19. Ce traitement s’appuie notamment sur l’association d’un antibiotique de la famille des macrolides avec une autre molécule habituellement prescrite dans le traitement de l’asthme, et le zinc. Les résultats se sont montrés encourageants : plus aucune hospitalisation n’a été effectuée. Les résultats sont là mais la méthode est empirique. Empirique ? Donc criminelle, interdite, honnie, non valide, non pertinente, impertinente. Un professeur de l’institut Pasteur de Lille a daigné jeter un œil sur cette démarche et mécaniquement, comme une boîte à musique qui rend fou, il a prononcé la formule de la secte de la modernité hors humanité : cette démarche empirique doit être confirmée par « des essais conduits selon un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo ». La phrase est longue comme la durée de ces essais en double aveugle : les morts tombent à chaque syllabe !

L’intimidation des médecins de terrain

Le pire n’est pas atteint. Des bénévoles, soucieux d’aider à la mutualisation des essais et des résultats, ont signalé aux ordres professionnels des médecins, la nature et l’intérêt de cette démarche empirique conduite avec des médicaments, par ailleurs disponibles depuis longtemps sur le marché. Le 20 avril 2020, une réponse donnée à ces bénévoles est tombée comme le couperet de la guillotine, un couperet envoyé depuis l’espace où vivent hors humanité des experts déracinés. Cette réponse, presque digne des missives d’un Etat français installé sur les bords de l’Allier, est violente. Pour résumer, il est indiqué à ces bénévoles que les traitements administrés aux patients atteints du Covid-19 n’ont reçu aucune validation scientifique et ne répondent pas aux exigences réglementaires sur les essais cliniques (de nouveau la litanie). Mieux, ces bénévoles apprennent  que ces médecins soucieux du serment d’Hippocrate, font fi de toute réglementation et encourent  des sanctions disciplinaires voire des sanctions pénales. Cerise sur le gâteau, ces bénévoles sont informés que ces médecins ont été signalés.

Voilà comment on traite des médecins qui tentent de soigner leurs patients en prescrivant une combinaison de molécules anciennes dont les effets secondaires sont documentés et connus. Vouloir sauver des vies en dehors de la règle des « essais conduits selon un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo » mérite le pénal et la mort sociale de ces étranges individus qui veulent devancer le virus pour le vaincre.

Le monde est fou.

Cette mélopée sacrificielle des «  essais conduits selon un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo » rend fou à force d’être entendue comme unique justificatif pour balayer tous les traitements possibles. Elle rend fou ceux qui l’entendent mais elle a déjà rendu fou ceux qui la prononcent sans en voir les horreurs et les vices. Il y a donc bien une autre pandémie parallèle à celle du Coronavirus, cette pandémie a disséminé une pathologie qui a façonné chez l’humain une attitude autodestructrice connue depuis de nombreuses années par les Amérindiens, c’est un virus « psychique » que les peuples natifs nomment wétiko, « terme créé pour désigner une personne ou un esprit malveillant qui terrorise les autres. » Le rejet de tout ce qui n’entre pas dans « un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo » est particulièrement malveillant vis-à-vis de patients dont l’espérance de vie peut se mesurer en semaines.

La répétition inlassable de cette mélopée des essais en double aveugle sur toutes les lèvres me fait songer à ce film horrifique : l’Invasion des profanateurs. Des être humains n’ont plus d’humain que leur apparence physique. A l’intérieur de ces corps, des créatures d’un autre monde ont pris place. Cette ritournelle des «  essais conduits selon un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo » me parait de plus en plus rabâchée par des êtres qui ont perdu toute capacité de réflexion, d’adaptation à leur environnement et de compréhension de l’urgence à sauver des vies humaines. Le tragique accompagne nos heures de confinement.

Régis DESMARAIS

9 réflexions au sujet de « Double pandémie, Covid-19 et virus de la folie »

  1. Je lis avec plaisir vos articles mais je ne suis pas d’accord sur votre vision des choses. En ces temps exceptionnels, je pense qu’il faut redoubler de vigilance sur l’éthique médicale si l’on ne veut pas tomber dans l’incontrôlable.
    Et la dérive chez l’homme peut être une tendance souvent justifiée.
    Sans faire de rapprochement et pour citer l’extrême, les médecins Nazis pour améliorer et certainement pour prolonger la vie de la race dominatrice ont effectué des expérimentations médicales sur les races dites inférieures.
    Cordialement

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    1. Bonjour, les désaccords sont souvent utiles au débat et le signe d’une diversité de point de vues. Qui a raison, qui a tort ? Souvent, le temps qui passe nous donne la réponse.

      Votre exemple des « médecins » nazis fait froid dans le dos. Je ne pense pas que nous en soyons là. Je partage totalement avec vous la nécessité de vigilance pour tout ce qui touche à la santé. Le problème c’est que le souci de vigilance semble n’être assuré que par le respect d’un protocole qui, d’une part, n’a pas toujours existé en médecine, et d’autre part, n’est pas le seul qui permet d’avoir une présomption d’efficacité pour un médicament. Dans un précédent article, j’évoquais les différents rangs de classement permettant d’avoir un avis sur l’efficacité ou non, la dangerosité ou non, d’un médicament. Il ne s’agit donc pas de dire que l’on doit tout faire et n’importe comment, il ne s’agit pas de dire que les protocoles en double aveugle etc… ne valent rien et ne doivent pas être suivis. Il s’agit de sortir d’une forme de dictature qui ne voit qu’une méthodologie érigée en principe sacralisé, qu’une solution à terme. Cette forme de dictature est d’autant plus hypocrite que ceux qui la défendent dans les médias s’en affranchissent aisément pour promouvoir leurs solutions. Les résultats de Discovery se font attendre, le Remdesivir de Gilead est un médicament dont l’efficacité n’est pas prouvée et le recul par rapport à ses effets secondaires est largement insuffisant. De même pour les vaccins, leur efficacité pour les candidats contre le Convid-19 n’est pas démontrée et leurs effets secondaires totalement inconnus. Pourtant, ceux qui pourfendent les essais de rang B défendent des solutions même pas validées par un essai de rang A.
      Dans cette affaire, il ne s’agit pas d’être manichéen et de défendre une chapelle contre une autre. Il s’agit de trouver la solution efficace et non dangereuse pour soigner (curatif) voire prévenir avec un vaccin.

      Il est singulier de reprocher des effets secondaires à l’hydroxy chloroquine alors que ces derniers sont largement connus tout en acceptant d’injecter à des personnes âgées atteintes du Covid-19 une substance dont la notice interdit l’usage pour des personnes présentant des difficultés respiratoires. Où est la logique ? Ne parlons pas de soins palliatifs car administrer une substance formellement interdite aux personnes qui la reçoive, ce n’est pas un soin, fut-il qualifié de palliatif.

      On constate donc dans cette affaire, une forme d’incohérence et de malhonnêteté doublée d’un appauvrissement de la pensée et de la science puisque désormais il n’y aurait qu’une seule modalité pour valider un médicament, modalité évidemment définie par les grands laboratoires.

      Des médecins ont obtenu des résultats avec des antibiotique connus et utilisés depuis longtemps. il est incongru de vouloir faire subir à ces médicaments des tests alors qu’ils ont déjà été testés, notamment pour des affections virales.

      En conclusion, je suis très vigilant au respect de la sécurité. Dès lors que des essais permettant de démontrer une présomption forte d’efficacité du médicament utilisé, et au regard de l’urgence (l’espérance de vie des patients pouvant être très courte), il me parait raisonnable de soigner les personnes contaminées. Au demeurant, ces personnes pourraient signer une décharge de responsabilité à leur médecin mais ce dernier n’a même plus la liberté de prescrire le traitement qui lui semble pertinent. On retrouve ici l’esprit « Nazi » de notre époque, toute chose égale par ailleurs…

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  2. Nous sommes au moins d’accord sur un point, attention au glissement incontrôlable.
    Les normes de références du contrôle sanitaire sont existantes et s’il s’avère qu’elles ont besoin d’un réel changement il ne faut surtout pas le faire dans l’urgence.
    Compte tenu de la multitude d’articles et d’interventions contradictoires des professionnels de santé sur ce sujet, Il n’est pas évident d’évaluer la situation et un recul s’impose sur une actualité aussi brûlante.
    Dans l’attente de lire vos prochains articles
    Cordialement

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  3. D’où les questions suivantes :
    comment comprendre que le Pr. Raoult ait le conservé le droit de soigner des patients avec un traitement dont il fait état dans les médias en toute liberté ?
    où en sont ses « essais conduits selon un système randomisé en double aveugle où ni le prescripteur, ni le patient ne savent qui est soigné et qui reçoit le placebo » seul système apportant la preuve scientifique de son efficacité ?
    pourquoi ce même droit est-il formellement refusé sous menace de sanctions du Conseil de l’Ordre des Médecins à d’autres médecins appliquant un traitement usuel à leurs patients avec de bons résultats ?
    Et ces liens contribuant au débat :
    https://www.franceinter.fr/idees/le-coup-de-gueule-du-philosophe-andre-comte-sponville-sur-l-apres-confinement – du 14 avril, mis à jour le 22, encore le piège du confinement
    https://blogs.mediapart.fr/igaal/blog/220420/prevotella-une-bacterie-au-centre-des-questionnements-sur-le-covid-19 – analyse intéressante qualifiée de fake news dans Libé
    http://www.cabinetdivizio.com/-Me Di Vizio spécialiste du droit médical aurait saisi le Conseil d’Etat
    Salutations

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  4. Si des médecins font l’objet de pression, de menace, de poursuite pour avoir prescrit l’azithromycine à des patients présentant des signes pneumopathiques apparentés au Covid-19, le SMAER (Syndicat des Médecins d’Aix-en-Provence et région) https://smaer.fr/ se propose de les assister avec ses avocats du cabinet https://www.vidalavocats.com/.
    Il leur est conseillé de ne rien faire par eux-mêmes, de n’agir que par l’intermédiaire du SMAER et de ses avocats sous peine de faire des erreurs de procédures irrémédiables.
    Leurs mails sont pour le SMAER, représenté par le Dr. Daniel Latil d’Albertas son président : d.dalbertas@gmail.com>, et pour les avocats, Maître Thierry Vidal , et Maître Nicolas Choley nc@vidalavocats.com.
    Le SMAER avait déjà saisi le Conseil d’Etat en mars 2020 pour dénoncer les insuffisantes générales de la protection contre la contagiosité du Covid-19.

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  5. Voilà le fin mot de l’histoire, chacun jugera, attendons la suite.
    https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/protocoles-recherche-clinique-prescriptions-amm – extraits du communiqué de presse du 23 avril
    « Ces dernières semaines dans les médias, plusieurs médecins ont fait état de « protocoles de traitement » du Covid-19 qui nécessitent une clarification de la part du Conseil national de l’Ordre des médecins….
    …En parallèle, eu égard à la communication qui a été faite dans sur ces protocoles dans la presse « grand public », les conseils départementaux de l’Ordre où les médecins concernés exercent ont été invités à recueillir les explications de leurs confrères sur leurs dits protocoles et à leur rappeler leurs obligations déontologiques, inscrites dans le Code de la santé publique[2]. A la suite de cet entretien les conseils départementaux informeront le conseil national des suites qu’ils lui donneront »
    [2] référence aux articles R4127-8-13-14-15-32-39-40

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  6. Parodie de la tirade de Don Diègue

    Ô rage ! Ô désespoir ! Ô virus ennemi !
    N’ai-je donc tant vécu que pour cette pandémie ?
    Et ne suis-je blanchie en retraite méritée
    Que pour voir en ce jour les médecins mépriser ?
    Leur art qu’avec respect tout le monde admire,
    Leur art qui sans arrêt fait que l’on respire,
    Tant de fois démontré par la science des soins
    Est trahi par ceux dont on n’attend pas moins.
    Pensez donc ils n’ont fait qu’user de protocoles
    Depuis si longtemps enseignés dans leurs écoles.
    Grâce à eux on évite hospitalisations
    Et des douloureux temps en réanimation.
    De ces pratiques le Conseil de l’Ordre s’est saisi
    Espérons que ce soit dans un but plus ami
    Que celui du ton de leur communiqué
    Dont les uns et les autres nous restons si choqués.

    En Chine on a sanctionné au début le médecin qui a alerté sur les RISQUES de pandémie.
    Chez nous on voudrait sanctionner les médecins qui informent sur les BENEFICES possibles de leur retour d’expérience de terrain.

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  7. Souhaitons aux médecins ayant informé le « grand public » de leurs résultats encourageants avec l’azithromycine d’avoir eu raison trop tôt…

    https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/strategie-nationale-deconfinement – dont le 3. laisse plein d’ambiguïté par rapport au communiqué du 23 avril sur le rôle des médecins spécialistes de médecine générale et autres spécialités…
    « 3. Dépister les patients atteints du Covid-19 et les accompagner dans un plan personnalisé de soins et de confinement tout au long de la période. »

    https://www.topsante.com/medecine/maladies-infectieuses/zoonoses/azithromycine-un-antibiotique-qui-pourrait-soigner-le-coronavirus-636321
    Azithromycine : étude lancée par les hôpitaux de Paris (AP-HP) pour tester son efficacité sur la prévention du Covid-19 après avoir observé que les patients atteints de mucoviscidose et donc sous azithromycine étaient peu infectés.

    https://www.aphp.fr/contenu/demarrage-mardi-14-avril-de-lessai-randomise-controle-versus-placebo-prep-covid-de-lap-hp
    Essai clinique PREP COVID de prévention du Covid-19 lancé par l’AP-HP pour tester auprès de 900 soignants volontaires l’efficacité comparée hydroxychloroquine vs azithromycine.

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